"Des joueurs d’exception que tu ne rencontres pas souvent dans ta carrière": Arsène Wenger décrypte le 11 de légende de l’AS Monaco

Qu’est-ce que ça vous fait d’être le coach de cette équipe?
C’est un bel honneur, auquel je suis sensible. Je suis au milieu d’une palette d’excellents entraîneurs. C’est une preuve que j’ai laissé un bon souvenir, je pense, en représentant les valeurs monégasques. ça fait très longtemps et les gens se souviennent que je suis passé par là, des valeurs défendues et du respect.
Quelles étaient ces valeurs?
L’excellence dans ce qu’on fait, la conscience de représenter la Principauté. Il y avait une forme d’exigence dans le comportement. Monaco voulait être sans tache. A l’époque, l’équipe a fait passer des bons moments aux supporters, il y avait des joueurs de classe. Avant que je n’arrive, Monaco n’avait jamais franchi un tour de Coupe d’Europe: on est allé en quart et demi finale de la Ligue des champions, en finale de la Coupe des coupes… C’était une période à la fois exceptionnelle et constante. On avait fait franchir un palier au club sur la scène européenne. Aujourd’hui, tout ça est devenu un peu plus normal.
Que pensez-vous de ce 11 voté par les supporters?
Il y a de la qualité, c’est équilibré, j’aime bien. Les gens ont vraiment une bonne mémoire, ce sont des choix judicieux. Je suis malheureux pour le nombre de grands joueurs qui ne sont pas dedans, mais il en faudrait 250 (rire). Il n’y a pas un joueur comme George Weah qui a été Ballon d’Or, ça vous montre l’étendue du registre des joueurs qu’il y a eus! C’est bien que les gens se souviennent de ceux qui ont fait la grandeur d’un club. J’ai une pensée émue pour ‘‘Jeannot’’ Petit. Il a passé toute sa vie à Monaco, on pense tous à lui... Le hasard fait que deux ‘‘Petit’’ sont au milieu du terrain.
Un mot sur les joueurs retenus dans cette équipe que vous avez entraînés?
(Rire) Il y aurait un livre à écrire sur chacun d’eux. Amoros, c’était la grande classe. Thuram, c’est moi qui l’ai fait débuter comme défenseur central. Ce sont des joueurs d’exception que tu ne rencontres pas souvent dans ta carrière...
J’ai beaucoup de gratitude envers le président CamporaMonaco, ça vous évoque quoi?
Un football pimpant, créatif, offensif, qui se base sur une très forte base technique. Le club a toujours attiré des joueurs très mobiles. A l’époque, on n’avait droit qu’à deux ou trois étrangers, donc il y avait les meilleurs Français. On avait vraiment l’impression de représenter le Prince et la Principauté. Il y avait un souci d’excellence, tu avais l’impression que tu ne pouvais pas être médiocre. Avec la vente du club, ça a changé.
Vous êtes le dernier coach à avoir passé autant de temps sur le banc…
Sept ans, oui. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai battu des records de longévité un peu partout (rire). Le job de l’entraîneur, c’est aussi de développer le club. A l’époque on s’entraînait dans des baraques à La Turbie, depuis, les structures se sont améliorées. J’ai beaucoup de gratitude envers le président Campora, qui m’a fait confiance alors que j’étais jeune et inconnu. Le club a pris le risque de me prendre et j’ai une reconnaissance éternelle pour ça.
Chaque joueur prend de vous quelque chose de différentGérald Passi disait dernièrement que vous vouliez tout maîtriser…
C’était un peu mon défaut dans ma carrière, j’ai voulu maîtriser tout ce qui concernait la performance. C’était sans doute un peu trop (rire).
Il parlait aussi de vous comme d’une référence. C’est gratifiant!
Oui, c’est… (Il soupire) Chacun prend de vous quelque chose de différent, quelque chose dont il a besoin sur le moment et qui le marque. Vous ne laissez pas la même empreinte partout, elle est très diverse.
Que pensez-vous de l’AS Monaco actuelle?
Je la suis, elle a eu un petit creux après le nouvel an mais elle a terminé assez fort. Je suis les joueurs comme Akliouche, Ben Seghir, Zakaria, Biereth... Je suis curieux de voir où ils vont aller, les dernières années ils sont sortis un peu tôt quand ils se qualifiaient en Ligue des champions. L’année prochaine sera une année importante au niveau de la confiance pour construire l’équipe. (Adi) Hütter fait du très bon travail, il connaît l’équipe et ses joueurs. Ça va être intéressant.
Nice Matin